Le Moulin d'Arudy est une bâtisse dont l'origine remonte au XVème siècle, à cheval sur le pittoresque canal et ses remarquables lavoirs utilisés par les mégisseries qui la bordaient au XIXème siècle. C'est un authentique moulin à farine, dans notre famille depuis plus d'un siècle et ayant fonctionné jusque dans les années 1950.

 

 

A l'origine, le village d’Arudy était situé aux environs d’Izeste et de Louvie-Juzon en bordure du gave d'Ossau. Mais après plusieurs inondations et un tremblement de terre qui en démolit une bonne partie, les habitants décidèrent de reconstruire le village plus en hauteur sur une colline proche.

 

 

En 1467, au pied de cette colline, fut creusé le canal par les ouvriers et par les habitants du village afin d'alimenter en eau le nouveau moulin, mais... lors de la mise en eau du canal, celle-ci n’est pas arrivée jusqu'au moulin ! Elle s’était infiltrée dans les diverses fissures existantes...

 

Alors, les hommes sont allés à Gan chercher de la terre glaise et les femmes ont tressé des roseaux. Ces roseaux ont servi à confectionner un lit dans tout le canal qui a ensuite été plâtré avec l’argile et l’eau arriva finalement jusqu'au moulin !

 

 

La population ayant participé à ces travaux, elle obtint donc un droit imprescriptible de : pompage, lavage et abreuvage.

 

Ce moulin possède quatre paires de meules, ce qui est rare pour l'époque ; cela donne une idée de l'importance du nouveau village d'Arudy.

 

 

En 1791, on apprend par acte notarié que Jean-François de Nogué (1754-1818) habitant Paris est propriétaire de deux moulins à farine et d’un autre à tan (tannage des peaux de bêtes) à Arudy qui sont mis en affermage pour une durée de neuf ans.

 

Très vite le fermier, Jean Labasse de Monjet, n’honore pas les dates de paiements prévues et du coup Jacques de Bibé de Gan, qui s’était porté caution, en devient de fait le nouveau fermier, suite au jugement rendu par le tribunal de Pau en mai 1791.

 

Celui-ci embauche un autre fermier, Jean Pébaqué, pour une durée de 7 ans, 10 mois et 21 jours, soit jusqu’au 31 décembre 1799, moyennant la somme de 3150 livres par an.

 

Le prix de l’affermage était payé d’avance tous les quatre mois au sieur de Nogué d’Oloron Sainte-Marie, fondé de procuration de Nogué de Paris, pour moitié en écus ou en louis d’or et le reste en assignats ou effets nationaux ayant cours.

 

Le fermier payait aussi chaque année sous forme de présents au sieur de Nogué quatre paires de canards à la Saint-Jean et quatre paires de chapons à la Noël…

 

 

Au cours du XIXème siècle, le moulin devient la propriété de Monsieur de Brandois.

 

 

A cette époque, le pain est la base de l’alimentation. La population vient donc faire moudre le grain et le meunier se rémunère en prélevant 1/10ème du volume traité.

 

Les lavoirs sont édifiés par la commune pour que les femmes puissent y laver le linge. Il n’existe pas de titre de propriété puisqu’ils sont communaux.

 

 

Aux environs de 1900, un problème survient entre la commune et le baron de Brandois qui ne veut plus payer ses impôts car son goût prononcé pour le jeu et pour la gente féminine l'ont fortement désargenté !

 

Il concède alors en contrepartie à la commune le droit d'installer une turbine de production d'électricité (petit cabanon de 1908 situé en aval de la passerelle devant le moulin) qui servira à l’éclairage public.

 

 

Un second différent survient, le baron souhaite enlever les lavoirs : ce que la commune n’accepte pas. L’affaire est confiée au juge de paix du tribunal d'Oloron Sainte-Marie. Ce dernier confirme que les lavoirs sont communaux et déboute donc le baron de Brandois. La commune pourra continuer à en jouir moyennant leur entretien.

 

 

Dans un premier temps, les lavoirs servaient à laver le linge, abreuver le bétail et faire tourner le moulin. Ensuite certaines maisons de la rue du Moulin sont devenues des tanneries de peaux d’agneaux.

 

Cette activité génère des odeurs nauséabondes puisque les animaux étaient tués sur place et à chaque lavoir on avait fixé un pieu qui servait à étendre les peaux et à les écharner.

 

Depuis les habitants d’Arudy étaient surnommés les « pélacas » (peleurs de peaux).

 

 

Jean PALASSOE, tailleur de pierre de son état et chef d'exploitation de la carrière de marbre St Michel à Arudy, appartenant également au baron de Brandois, était l’époux d’Eugénie DOAT, la fille du meunier.

 

En 1908, pour faire plaisir à cette dernière dont il est éperdument amoureux, Jean PALASSOE demande à racheter au baron de Brandois le moulin. Ce dernier finit par accepter de se dessaisir de ce bien malgré une perte de recettes. En effet Jean PALASSOE a été le seul à lui faire gagner de l'argent avec la conception d'un tout nouveau système de découpe du marbre utilisant des scies au diamant qui augmentèrent grandement la productivité de la carrière.

 

 

C'est en 2014 qu'Isabelle PALASSOE, arrière petite-fille de Jean le tailleur de pierre, hérite du moulin et avec l'aide de son dévoué mari, réhabilite ce lieu historique en un confortable gîte de vacances...